Je me doute que la plupart d'entre vous a déjà participé à de nombreuses opérations de baguage d'oiseaux, mais je souhaitais vous faire partager la session à laquelle j'ai pu assister dans le courant du mois de septembre dernier. Cela s'adressera sans doute plus aux visiteurs qui comme moi sont néophytes et qui n'ont jamais eu l'occasion d'en vivre une.
Je profite de l'occasion pour remercier François, l'ornithologue de la LPO de l'Yonne qui m'a permis d'y assister en tant que contributeur sur le site Faune-Yonne.
Le rendez-vous était donc pris pour le 12 septembre au matin, 7h00, dans une petite zone marécageuse située entre Auxerre et Sens.
7H00 me voilà donc sur le site où je fais la connaissance de l'équipe de bagueurs. Les filets sont déjà tendus... 4 lignes d'environ 3,5 mètres de haut et d'une longueur comprise entre 20 et 50 mètres (à vue de nez). Les filets dits « Japonais » sont constitués de mailles d'environ 1,5 cm de diamètre et de fils fins et doux pour éviter d'endommager les oiseaux.
Au pied de ces lignes sont disposés des hauts-parleurs qui passent en boucle des champs d'oiseaux afin d'attirer certaines espèces dans les filets.
Quelques « matoles » destinées à la capture d'oiseaux qui ont l'habitude de marcher au sol, ici des poules d'eau par exemple, sont également disposées ici et là (sorte de piège en forme de cage sans fond qui se rabat dès que l'oiseau passe en dessous, ).
Au bout d'une vingtaine de minutes, l'un des bagueurs donne le signal et nous partons ramasser les prises. On m'explique qu'il est important de ne pas attendre trop longtemps pour aller récupérer les oiseaux (20 mn en général) afin de limiter au maximum le stress et les chances qu'aurait l'oiseau de se blesser en se débattant. Chaque bagueur part avec sa collection de petits sacs en tissus, dans lesquels il placera le ou les oiseaux démaillés, en fonction de l'espèce. Par exemple, le Rougegorge aura son sac individuel en raison de son comportement très territorial et bagarreur. Entre congénères ils auraient tôt fait de se blesser. En revanche les Fauvettes et Pouillots peuvent se retrouver à deux ou trois par sac. Cette opération étant pour le moins délicate, je n'ai pas été autorisé à y participer, je suis donc resté spectateur... un brin frustré;-) !!
La récolte finie, retour au camp de base où la séance de baguage proprement dite, peut débuter.
L'opération ne se limite pas au seul baguage, mais dans un laps de temps très court, le plus court possible, le bagueur effectue plusieurs examens et mesures.
Il doit :
- déterminer l'espèce et si possible le sexe de l'oiseau. Il dispose pour cela, lorsque c'est nécessaire, d'un ouvrage intitulé «guide d'identification de l'oiseau en main », qui reprend pour chaque espèce de nombreux points très précis permettant une identification sûre.
- déterminer l'âge ou au moins faire la différence entre un individu de première année et un oiseau plus âgé. Pour cela, son attention se porte sur les plumes et leur état général. Au mois de septembre, un oiseau de l'année présenterait son tout premier plumage et de fait, une usure de deux à 4 mois environ et cela se verrait distinctement sur les plumes. En revanche, un adulte viendrait juste de finir sa mue et arborerait un plumage tout neuf très peu usé. (c'est ce que j'ai retenu... j'espère ne pas me tromper... tellement d'informations en une matinée, sans pouvoir noter). On voit ici l'usure nette au bout des rémiges.
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- procéder à l'évaluation du taux de graisse de l'oiseau (adiposité) donnée sur une échelle de 1 à 4 si ma mémoire est bonne. Cette donnée étant essentielle pour des oiseaux, qui, rappelons-le, sont au début de leur migration. Il est donc important pour eux de constituer des réserves d'énergie. Cette mesure est effectuée en mettant la peau de l'oiseau à nu afin d'évaluer la couche de graisse entre celle-ci et les os. Pour cela le bagueur souffle simplement sur les plumes, afin de les écarter et de laisser apparaître la peau... la mesure est visuelle.
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Une fois toutes ces mesures prises, la bague alu numérotée est apposée sur une des pattes à l'aide d'une pince spéciale équipée de gabarits pour s'adapter au diamètre de la patte en fonction de la taille de l'oiseau.
Toutes ses données ainsi que le n° de la bague sont inscrits dans un registre, une ligne par individu. A chaque oiseau correspond un code, constitué, (si ma déduction est bonne) par la première syllabe du nom du genre et par la première syllabe du nom de l'espèce donc, pour un merle, (Turdus Merula), code = Turmer, Sylatr pour une Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) etc...
Les registres sont ensuite envoyés au CRBPO (Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux).
Ce jour-là, 270 oiseaux avaient été capturés dont trois contrôles (de mémoire), c'est à dire que trois oiseaux capturés avaient déjà été bagués dans d'autres pays Européens, Belgique et Pays-Bas il me semble. De belles surprises comme ce Blongios nain.
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Torcol
Vers midi fin des opérations le matériel est rangé, aucun incident n'a eu à être déploré tous les oiseaux vont bien et sont repartis en pleine forme vers d'autres cieux.
De mon côté, je suis reparti, non pas vers d'autres cieux mais plus riche d'une expérience nouvelle et la tête fourmillant d'informations qui me reviennent aujourd'hui en écrivant. J'espère ne pas avoir raconté de bêtises, mais si c'est le cas, que les pros n'hésitent pas à les corriger.
Bonne soirée à tous.
Cyril.
!!